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La Maelle Galerie s’installe dans le nouveau hub de l’art contemporain, Komunuma

Saviez – vous que la Maelle galerie inaugure bientôt son nouvel espace à Romainville  au cœur d’un nouveau site pour l’art contemporain, le collectif Komunuma.

 Komunuma est un nouveau site d’art contemporain ouvert depuis octobre 2019  qui regroupe plusieurs galeries : Air de Paris, Sator, Jeune création et les réserves du Frac Ile de France. Porté par la Fondation Fiminco, le projet se déploie sur 46 000 m2 dans les anciens laboratoires pharmaceutiques Roussel-Uclaf, patrimoine architectural des années 40.

En attendant l’ouverture de ce nouvel espace, reportée de quelques semaines, la Maelle galerie a proposé une exposition fragmentée dans les différents espaces de la plate – forme. Invitée par les galeries Jocelyn Wolff, Air de Paris, In Situ Fabienne Leclerc, Sator et Laurel Parker Book, elle a présenté du 12 septembre au 23 octobre, une œuvre dans chacun de leurs espaces. À l’initiative des galeries hôtes, Hospitalités a pour volonté de renforcer la cohésion des galeries et d’accueillir symboliquement la galerie Maëlle au sein de Komunuma.

Pour cette exposition, L’ombre du Paradis #1, la galerie Maëlle a invité le commissaire Rolando J.Carmona à confronter le travail de trois artistes fraichement représentés par la galerie : Carlos Martiel, Abel Techer et Floryan Varennes.

Carlos Martiel, 2010, Lazos de sangre, photographie contrecollée sur aluminium, 98 x 70 cm, courtesy Maëlle Galerie

La Maëlle galerie est membre actif du Paris Gallery Map, du Comité Professionnel des Galeries d’Art et fait partie de Komunuma.  Elle a marqué de sa présence diverses foires internationales : ZsONA MACO (Mexico 2017, 2018, 2019), Untitled (Miami, 2017, 2018), AKAA (Paris, 2017), YIA (Paris 2016), Art Paris Art Fair (Paris, 2016), Swab (Barcelone, 2015) ou encore Art Marbella (Marbella, 2016) avec « Focus Venezuela ».

Consciente de la nécessité de décloisonner les imaginaires, la Maëlle Galerie, s’est engagée depuis sa création auprès d’artistes de  la  Grande Caraïbe mais a également proposé un programme d’expositions d’artistes historiques tels que Paul-Armand GetteAlain FaureFred ForestORLAN et Claudio Perna   sans négliger  des artistes d’envergure internationale comme Eduardo KacBarthélémy ToguoYasmina Bouziane tout en soutenant des artistes alors émergents tels que Julien CreuzetDaniel Otero TorresNicolas MomeinAlexandre BavardMarie-Claire Messouma Manlanbien et Nelson Pernisco.

Floryan Varennes, 2020, La meute, Muselieres, tubes connector, tubes medicaux, pvc medical, attaches en inox, rivets, anneaux triangulaires, boucles d’oreilles, dimensions variables, courtesy Maëlle Galerie

Rolando J. Carmona, le commissaire de cette exposition d’ouverture, présente ainsi la ligne artistique de la galerie : La Galerie Maëlle est dirigée par Olivia Maëlle Breleur, une jeune femme au double cursus, à la fois diplômée des Beaux-arts de Martinique et manager en marché de l’art, formée dans une grande école parisienne. Ainsi, son projet s’équilibre entre le fait d’être une femme antillaise et le fait d’être une galeriste parisienne ; dans aucun de ces deux espaces,  il n’y a de place clairement défini et c’est sa force.(…)

En tant que galerie parisienne, il ne s’agit pas pour Maëlle de fortifier un ghetto et de devenir un refuge d’artistes noirs avec une « esthétique traditionnelle caribéenne ». L’intention est plus complexe, on pourrait parler de construction de la contemporanéité à partir d’une logique créole. D’articulations. Cela permet à la galerie de fondre une artiste Mexicano-américaine avec un artiste Vénézuélien, de représenter un artiste de la France hexagonale dont les recherches portent sur le corps androgyne médiéval ou un artiste queer de La Réunion sans se soucier de mettre son profil en péril.

Construire la contemporanéité à partir d’une logique créole implique d’avoir une conscience limpide de ce monde à l’inverse de ce qu’il représente aujourd’hui, c’est construire une pensée archipélique formée de discours silencieux face à l’esthétique hégémonique, c’est assumer le post-féminisme comme une possibilité de revendiquer le corps, le plaisir et la beauté. C’est comprendre la nature à partir d’une logique animiste et exubérante, c’est comprendre la fête comme un critère pour réinventer l’ordre, c’est reconnaître l’infini et le global à partir de l’union des fragments, une union où la culture du carnaval et des mass media, peuvent être aussi importantes que la culture vaudou.

Cette diatribe dépasse le domaine purement esthétique pour entrer dans le domaine de la micropoli­tique. Chacune des actions développées par la galerie peut être lue comme une guerre silencieuse face à la vérité absolue du monde réel et les inégalités du monde d’aujourd’hui. Tout cela place Maëlle à un point intermédiaire entre une galerie de promotion et une plate-forme de défense des minorités. Avec Maëlle, l’objectif n’est pas seulement de montrer une sélection d’artistes qui opèrent dans une logique créole, et qui méritent d’avoir une place sur le marché. Ici, chaque exposition est un manifeste sur la rencontre de la différence et sur la résistance face au pouvoir.

Sans chercher à susciter la polémique, et loin de toute attitude réactionnaire, des secrets épineux sont évoqués. Ainsi, la galerie rassemble des artistes tels que le Martiniquais Jean-François Boclé qui réfléchit sur la représentation raciste des corps noirs au travers des packetings de produits de grande consommation de part le monde. Carlos Martiel né à Cuba, qui à partir de la performance génère des images inquiétantes sur la résistance des corps marginaux et migrants face au pouvoir, Oscar Abraham Pabon qui évoque l’échec des projets de modernisation à partir de l’esthétique des favelas, ou Abel Techer de La Réunion, qui évoque une notion bucolique queer typique des contextes ruraux où le corps no binarie est contraint de se réifier et de s’animaliser pour survivre.

Abel Techer, 2021, Raccord, 80 x 100 cm, huile sur toile, courtesy Maëlle Galerie
 

Aujourd’hui, la galerie fait vrombir ses moteurs pour un nouveau défi : changer d’échelle, en abandonnant son petit espace de Belleville pour occuper une grande galerie au sein de Komunuma. L’inaugura­tion sera l’occasion de toucher l’un des grands enjeux de notre temps : l’univers de la communauté LGBT. Un projet qui déconstruit le discours « pink wash » qui vend l’idée de l’homosexuel sexy, festif et joyeux pour évoquer « les autres queers », hors des villes, qui représentent des corps bucoliques intemporels.

Sans le vouloir, la galerie est devenue un bastion de résistance, bien différente des grandes galeries qui défendent des artistes noirs bien cotés sur le marché… De l’utopie, typique de la jeunesse, la galerie Maëlle résiste au système et parie sur un autre avenir possible, sur une autre poétique de la relation et une autre façon d’être au monde.

Le blog de l’Aica Caraïbe du Sud  partagera  le compte – rendu de l’inauguration de ce nouvel espace de la Maelle Galerie prévu dans huit semaines.

DB

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