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Kidjahna Waccus : l’inattendu poétique

Kidjahna Waccus : l’inattendu poétique

 

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Le parcours de Kidjahna Waccus est atypique. Pour rompre avec le rythme imposé par la société, entre son  DNAP (diplôme national d’arts plastiques) en 2011 et son DNSEP (diplôme national d’expression plastique) en 2019, elle a voyagé pendant sept ans en Allemagne, Espagne, Maroc, en quête de nouvelles rencontres humaines et de techniques plastiques inconnues, comme le tressage de cette fibre végétale d’Andalousie, l’alfa ou le tissage de laine au Maroc.  N’y a t – il pas une touche de surréalisme,  à la fois  dans cette culture de la rencontre telle que la définissait André Breton dans le chapitre III de L’Amour fou, « errer à la rencontre de tout »et dans le détournement d’objets ?

Elle ne prévoit ni ne planifie rien mais attend que la vie la surprenne selon le principe de sérendipité qui guide son parcours. Elle n’a aucune idée préconçue sur l’œuvre à venir. C’est le matériau qu’elle collecte lors de déambulations et flâneries qui déclenche le processus créatif.

De ses gribouillis automatiques émergent de petits personnages de bandes dessinées ou de contes pour enfants qui viennent habiter ses œuvres. Elle croise un colleur d’affiches et commence une série qui évoque les œuvres des décollagistes.

Kidjahna décline et marie dessin, sculpture, installation, performance, poésie, musique, design. Elle gomme les frontières entre art et artisanat d’art, entre art et design. Ses dessins deviennent sculptures,  ses sculptures évoluent en  costumes pour ses performances.  Avec ce qu’elle nomme sculptures vivantes, en métal ou en coton,  elle cherche le passage d’une discipline à une autre plus que la remise en question de la nature de l’objet d’art ou  la transformation du corps en outil d’écriture artistique  comme ont pu le faire Manzoni ou Gilbert et Georges. Tous les supports de présentation de ses œuvres sont conçus et réalisées de ses mains à partir de vieilles palettes de récupération.

 

 

Les machines improbables,  dessinées selon le principe du cadavre exquis, par association incongrue d’éléments hétéroclites, deviennent sculptures, construites à partir de pièces récupérées dans les poubelles. Comme dans le royaume de l’enfance, c’est le temps du simulacre et de l’imagination avec la série des machines improbables, ces  machines à tisser qui ne tissent pas, ces machines à dessiner qui ne dessinent pas.

 

Dans le monde qu’elle invente, comme dans celui d’Alice ou de Gulliver, les objets peuvent se miniaturiser. Ou bien, comme improvisés par des fées pour le bal de Cendrillon, s’incarner provisoirement dans d’improbables dessous féminins en poussière, en coquille d’œuf, en coque de graines de zanzibar. Leur fragilité vient évoquer ici la fugacité de la vie. La poussière, entrée dans l’histoire de l’art avec l’Elevage de poussière de Marcel Duchamp et Man Ray. se métamorphose en parure féminine.

 

De son goût pour la création poétique et la musique, Kidjahna retient l’amour du jeu sur les mots pour ses titres : Imagine-natif, Reserve-voir….

L’univers de Kidjahna réclame d’avoir l’oeil aux aguets et l’attention soutenue pour découvrir le détail inattendu et poétique.    Original parce que très personnel, il fonde sa cohérence, malgré une apparente discontinuité,  sur l’authenticité et la fermeté de sa ligne directrice : accueillir l’inattendu et atteindre un art total.

Vous avez deux rendez – vous avec Kidjahna: le 13 mars à la Coursive avec de nouvelles créations tout à fait surprenantes et le prochain numéro de l’oeil du lézard.

DOMINIQUE BREBION

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