
Marcos Lora Read
Cinco carrozas para la historia
Kreyol Factory
2009
En 1991, Marcos Lora Read avec Cinco carrozas para la historia (cinq carrosses pour I’histoire) anticipe et questionne la célébration du programme du Cinquiéme centenaire de la rencontre de deux mondes. II expose cinq canoés montés sur roues et placés verticalement contre le mur, dont I’intérieur est tapissé des noms des premiers esclaves ramenés d’Afrique. Trois ans plus tard, en 1994, Kcho traite lui aussi d’un autre déplacement avec La regata (La Régate), installation composée d’une série de petites embarcations simples travaillées dans une esthétique dépouillée, qui incarnent avec force le caractère dramatique de la migration cubaine et, au-delà, de tout exode contemporain.

Kcho
La Regata
Beuze, quant à lui, réalise en 1998 une œuvre pour la commmoration du Cent cinquantième anniversaire de I’abolition de I’esclavage, inspirée de la structure des bateaux négriers. Puis en 2002, il produit Melting Boat, immense installation in situ représentant une embarcation placée face à l’Eglise catholique de Grand-Rivière, en Martinique. L’artiste emploie là aussi les matériaux locaux : bambou et feuilles sèches de bananier, dont l’usage est dominant dans l’agriculture martiniquaise. La situation de l’installation renvoie à des données historiques très précises puisque, selon l’auteur, l’Eglise fut construite par des charpentiers de marine et que la religion catholique a joué un rôle central dans le commerce transatlantique des esclaves.
José Manuel Noceda Fernandez
Territoires du temps, l’œuvre d’Hervé Beuze
Catalogue Mémoires – Musée Dapper-Editions Dapper 2013

Hervé Beuze
Melting Boat
José Manuel Noceda Fernandez est commissaire d’expositions au Centre Wifredo Lam de Cuba et pour les Biennales de La Havane
Les noms des esclaves inscrits à l’intérieur des canoés de Marcos Lora Read évoquent aussi des installations de Jocelyn Gardner de Barbade, A Tiny prick et Creole portaits II. Dans la première, une vidéo montre l’artiste brodant le nom des esclaves d’une plantation du XVIIIème siècle sur des taies d’oreillers de lin fin qui sont d’ailleurs exposées avec la vidéo dans cette installation. Le nom des esclaves de la plantation Egypt Estate de la Jamaïque sont aussi inscrits dans l’installation de gravures sur mylar , Créole portaits II exposée, entre autres, en 2007 dans Infinite Island au Brooklyn museum mais aussi dans Global Caribbean I à la Fondation Clément.
Dominique Brebion
Les bateaux négriers dressés m’évoquent aussi les coques de navires avec les corps des esclaves « momifiés » et ajourés dans l’installation de Bruno Pédurand placée à Gorée au Sénegal.
On voit combien la thématique de l’exil atlantique reste source de réflexion et de création dans la Caraïbe.