Après les quatre premières éditions, à Fresh Milk – Barbade, au Perez Miami Art Museum- Floride, à la Galerie Nationale des îles Cayman, au Centro Leon – République Dominicaine, Tilting Axis 5, Au-delà des tendances : décolonisation et critique d’art s’est tenu du 29 mai au 1 juin au Memorial Acte- Guadeloupe. Le thème de la rencontre, la décolonisation du discours critique au-delà de son usage fonctionnel actuel de simple critique culturelle et institutionnelle, a été décliné dans des tables rondes et des ateliers pendant trois journées consécutives. Contrairement à son application à des sites et processus spécifiques, la décolonisation est-elle une pratique radicale et continue dans les Caraïbes ? Cette question a été étudiée ainsi que la circulation de ces discours, pour tenter d’identifier leur actualité et leurs spécificités dans les différentes régions et institutions de la Caraïbe. Par exemple, que signifie pour les institutions d’art la négociation de la décolonisation dans un période post-coloniale ? Quelles approches singulières peuvent être déployées pour décoloniser les discours – en, particulier en ce qui concerne la critique artistique – et les rendre plus audibles dans les espaces où le discours critique a traditionnellement peu de prévalence et d’audience?
Aux commandes, une équipe dynamique : Holly Bynoe (Co- fondatrice d’Arc Magazine, Galerie Nationale des Bahamas), Annalee Davis (Artiste, essayiste, acteur culturel), Mario Caro ( Culture, and Technology Program at the Massachusetts Institute of Technology) , TobiasOstrander (Pérez Art Museum Miami) , Lise Ragbir ( Manageur culturel) et Natalie Uquhart( Galerie Nationale des Iles Cayman)
Après les discours d’ouverture de Jacques Martial ( Memorial Acte), Holly Bynoe, Anna Lee Davis, le conférencier d’honneur Manthia Diawara, professeur de littérature comparée et d’études sur le cinéma à la New-York Université et directeur émérite de l’Institut des affaires africaines-américaines, les interventions et tables rondes se sont succédées. A travers l’examen du rôle des artistes, curators, éducateurs, érudits, écrivains d’art, agents d’artistes, les moyens de mobiliser de manière stratégique des discours sur la décolonisation ont été approfondis.
Table ronde 1: Les mots comme armes : décoloniser la critique d’art
La critique d’art fait rarement son autocritique. Et si les interventions postcoloniales ont contribué à changer la manière dont les institutions, les milieux académiques et le marché ont abordé l’art en repensant la dynamique du pouvoir et les hégémonies en jeu, les appels actuels à la décolonisation exigent quant à eux de prendre des mesures. Ainsi, ces quatre interventions ont examiné l’état actuel de la critique artistique dans les Caraïbes et ses diasporas — à la fois en tant qu’objet d’un processus de décolonisation — en étudiant la façon dont nous devrions procéder pour décoloniser la critique d’art — et en tant que pratique de décolonisation
Dominique Brebion, Jocelyn Valton, Hrag Vartanian. Modérateur : Mario A. Caro
Ces quatre interventions ont examiné la décolonisation de la critique artistique (Decolonising Art Criticism) et exploré la (mauvaise) compréhension dont la critique d’art, en tant que pratique caribéenne, fait l’objet, et les moyens par lesquels elle se régénère dans ce contexte par le biais de blogs en ligne, de textes auto-édités, de programmes et publications institutionnels, de conversations informelles, en insistant sur les défis plus larges de la démocratisation de la critique artistique, les rapports de force établis au sein de la discipline et l’utilité de la critique déployée comme un élément permettant de créer un outil d’apprentissage et d’autonomisation plus authentique et plus complet.
Photo Adrienne Chadwick
Table ronde 2 : Mashing up the Canon ( déconstruire les canons en vigueur)
Les milieux artistiques du Nord sont de plus en plus condamnés pour le détournement d’objets d’art. Certains musées ont tendance à rapatrier leurs collections dans leurs pays d’origine. Parallèlement, nous assistons à une diversité croissante dans le recrutement de personnes de couleur au sein des institutions culturelles basées aux États-Unis. Ce volet explore les stratégies de décolonisation des espaces culturels en proposant des théories et méthodologies / pratiques innovantes au sein des institutions.
Mireille Badamie, Charles Campbell, Laurella Rinçon. Modérateur : Johanna Auguiac
Les approches provocatrices adoptées dans l’archipel afin de co-écrire plusieurs récits, mettant en question la manière dont les Caraïbes continuent d’être déterminées par les idéologies néocolonialistes dominantes devaient être abordées dans la discussion : Quels sont les exemples d’institutions culturelles des Caraïbes confrontées à des inégalités en matière d’écologie artistique ou d’institutions plus éloignées ayant reflété leurs préoccupations ? Où sont les exemples frappants de travailleurs culturels défiant les injustices systémiques, les préjugés culturels et les idéologies dominantes ?
Photo Adrienne Chadwick
Pops ups :
De brèves présentation de Paulo Miyada ( curator associé Biennale de Sao Paulo), Berette Macauley ( Plasticienne ) Christelle Lozère ( maître de conférences en histoire de l’art, Université des Antilles ) Matilde dos Santos
Table ronde 3: Colonisation in Reverse ( Colonisation inversée)
Avec une introduction au poème phare de Louise Bennett, Colonisation in reverse, ce volet a mis en avant non seulement les présentations déployées par des artistes, des instigateurs culturels et des théoriciens dont les méthodologies de travail reposent sur aspects esthétiques, interprétatifs et postcoloniaux de la décolonisation et de l’ethos de désobéissance civile. Quels sont les dilemmes auxquels nous sommes actuellement confrontés du fait de la colonisation persistante? Où la réflexion la plus large se poursuit-elle dans l’ensemble des Caraïbes en ce qui concerne les méthodes pédagogiques alternatives, les pratiques artistiques, les stratégies de conservation ?
Erin Christovale, Carlos Motta , Jerry Philogene. Moderator :Tobias Ostrander
La discussion devait souligner les différentes approches déployées dans l’ensemble des Caraïbes, par exemple au moyen d’initiatives dirigées par des artistes ou exprimées par des artistes explorant la décolonisation dans leur pratique.
Photo Adrienne Chadwick
Par ailleurs, Tilting axis offre une bourse de recherche aux jeunes curators de la Caraïbe, dans le cadre d’un partenariat étroit avec la section Art Galleries et Black Studies de l’université du Texas, à Austin. Le jury composé de Lise Ragbir, Joel Butler, Tobias Ostrander, Holly Bynoe, Annalee Davis, Eddie Chambers, Natalie Urquhart, Sara Herman et Mario Caro (9 au total) a eu la tâche laborieuse de choisir une pépinière de candidats issus des nombreux pays situés de la Caraïbe.
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