Si des artistes explorent le passé en reconfigurant des archives historiques ou personnelles d’autres, comme Olivia Mc Gilchrist (Jamaïque)ou Stacey Tyrell (Canada, USA), se mettent elles- mêmes en scène pour le sonder. Dans ses « auto »- portraits méticuleusement mis en scène, Stacey Tyrell explore la race et l’identité, en s’inspirant des histoires d’immigration de sa propre famille pour comprendre les structures globales du colonialisme, de la suprématie blanche et du capitalisme. A la fois photographe et modèle, elle conçoit l’ensemble de la scène à immortaliser : maquillage, décor, costume, luminosité appropriée et incarne successivement toutes les femmes de son ascendance. Stacey Tyrell, dans la série Backra Bluid dont le titre associe un terme africain, backra qui désigne le maître blanc et le mot écossais bluid qui signifie parenté, incarne tous ses ancêtres féminins. En changeant simplement la couleur de sa peau et en apportant des ajustements très subtils à ses propres caractéristiques, elle invite à réfléchir à la notion de race. Même si elle est son propre modèle, on ne peut parler d’auto-portraits, puisque loin d’exprimer sa propre intériorité, elle incarne à travers des mises en scène différents personnages passés, fictifs ou même allégoriques. En effet, une autre série, Pour la victoire plus récente, examine les mécanismes de la conquête historique dans le Nouveau Monde, à travers ses symboles et ses systèmes; en particulier, l’utilisation par les nations colonisatrices de femmes comme allégories. Mais Stacey Tyrell photographie aussi des natures mortes, notamment des produits destinés au blanchiment de la peau (The Great White Hope) ou des paysages et du patrimoine architectural porteurs de traces de l’esclavage(Chattel).
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Pingback: FEMMES ARTISTES DE LA CARAÏBE ET PHOTOGRAPHIE ( PART. III) | Aica Caraïbe du Sud - 20 juin 2020