David Gumbs Géographies inconscientes
Tropiques Atrium scène nationale
Martinique 12 janvier- 13 février 2016.
J’ai découvert les œuvres itératives de David Gumbs à la Galleria, en mars 2013, un jour où l’artiste avait décidé de venir à la rencontre du public avec son installation kinesthésique. Il s’agissait de Soleil Magma, dont une des pièces de l’actuelle exposition est une évolution: des capteurs transformaient en image visible les mouvements des visiteurs, qui du coup devenaient créateurs de l’œuvre. Cela m’avait fasciné : la possibilité d’une véritable co-création et l’art digital est vraiment le médium où cette possibilité a été poussée le plus loin. Mais deux autres aspects retenaient (et retiennent toujours) mon attention : le caractère éphémère de ces images qui pose la question des limites de l’œuvre et le dessin. Car la base du travail de Gumbs reste quand même son dessin. Les œuvres sont génératives ; l’œuvre créée est donc à chaque activation unique, et imprévisible, mais l’artiste a fourni à la machine au départ des informations qui sont en fait ses traits, ses couleurs. L’inspiration est clairement le vivant, plus clairement encore le vivant de ce lieu, d’où géographies, et le lieu est loin d’être une évidence, d’où inconscientes.
L’ancrage caribéen de son travail est ce qui donne au final ses couleurs et ses formes, dont les contours et nuances sont la résultante du souffle, des pas ou des gestes des visiteurs. Néanmoins, toutes porteront la marque de départ de son inspiration : arbres, plantes, animaux de la Martinique, lieu où l’artiste se sent particulièrement inspiré.
Le premier capteur est ici donc l’artiste lui-même. David Gumbs a un lien particulier à la terre de Martinique, car c’est ici qu’il lui est venu l’intimité avec la nature qui a fini par occuper le centre de son travail, dans un rapport à la fois intime et mystique.
Géographie comme une mappe monde (et comme du mapping), inconscientes comme le dessin automatique de l’artiste. L’exposition fait sens d’un bout à l’autre. Passé le rideau, on entre dans un univers de formes mouvantes, qui se construisent dans la rencontre avec le public puisque souvent animées par les gestes, voir le souffle des visiteurs. J’aime l’accumulation de conques de lambis qui reçoit une projection d’images organiques, concentriques, le centre étant justement les conques.
Discussion
Rétroliens/Pings
Pingback: L’oeil du lezard, arts contemporains de la Caraïbe : David Gumbs | Aica Caraïbe du Sud - 6 février 2016
Pingback: On jette un coup d’œil au rétroviseur ? L’année artistique 2017 en Martinique, suite et fin, deuxième semestre | Aica Caraïbe du Sud - 7 janvier 2018